Bonjour à toi lecteur(trice),

Tu es habitué(e) à mes astuces tricot et crochet, mais aujourd’hui, on va parler Interruption Médicale de Grossesse (IMG) et deuil périnatal.

Comme toutes les blogueuses, je partage des petits moments de ma vie, en général les plus agréables : tricot au soleil, cuisine en famille, … Des petites futilités qui font du bien. Mais ce ne sera pas le cas aujourd’hui.

Il y a 2 mois, j’ai subi une Interruption Médicale de Grossesse (IMG) à 35 semaines. J’ai été hospitalisée 3 semaines. Pendant 3 semaines, j’ai été la « Dame de la 229 » ou « l’IMG à 35 semaines ». Aujourd’hui, je suis la maman de la « Polydismorphie faciale de septembre » ou « la rupture utérine ». Mais en vrai, je suis Céline, la maman de Gabrielle, née sans vie le 28 septembre 2015 à 18h30.

Hydramnios et sage-femme aveugle

Tout le monde – pharmacien, voisin, passant dans la rue – me regardait ébahi : quel ventre magnifique! je n’ai jamais vu ça! Vous accouchez bientôt? Nan, j’accouche dans 3 mois…

Au début, j’étais fière. Il faut dire que la grossesse me rend jolie et j’étais contente, contente comme la plupart des futures mamans.

Ensuite, les douleurs sont venues. je me suis ruinée en ostéopathie et rien n’y a fait. Et plus mon ventre grossissait, plus j’avais mal. J’ai tenté d’évoquer la question de la grosseur troublante de mon ventre et de ces douleurs avec ma sage-femme. Elle n’a rien trouvé d’anormal : « Moi aussi j’avais un ventre comme ça. » m’a-t-elle dit. Les contractions fréquentes non plus ne l’ont pas alertée. Confiante, je ne suis pas allée plus loin, j’ai attendu l’échographie du troisième trimestre. Comme une conne.

Dans la salle d’attente, je trépignais. Il fallait que quelqu’un me rassure. M’explique. Mon tour est venu. Le docteur m’appelle. Je me lève. Elle s’arrête, me regarde et me dit « il va falloir qu’on parle ». Enfin un professionnel de la médecine remarque cet énorme ventre qui saute aux yeux de tous depuis des semaines.

C’est un hydramnios. Trop de liquide amniotique. Diabète? Infection? Malformation du foetus? On va voir ça.

Diagnostic prénatal et Syndrome de Treacher Collins

Et elle a vu. Elle a vu ce petit menton (retrognatisme qu’on appelle ça) qui semblait empêcher la déglutition de Gabrielle. Alors, moi et mon hydramnios, Gabrielle et son retrognatisme, on a dû aller dans un hôpital disposant d’une Commission Pluridisciplinaire de Diagnostic Prénatal et faire une échographie avec référent.

Je te passe les jours d’attente, le doute et la douleur. Ça tu l’imagines très bien, surtout si tu es maman.

Un mercredi matin, des messieurs sont venus. Et ils ont parlé. Et on a su. Et on a dû décider. Et on a décidé.

Gabrielle présentait des malformations sévères. Très sévères. Trop sévères. Moi qui croyais qu’elle avait juste un petit menton, j’ai dû écouter la liste de toutes les anomalies que l’on n’avait pas vu plus tôt car elle bougeait beaucoup et que tout ce liquide amniotique troublait les échographies.

Je pourrais vous parler probabilité, histoire au moins de vous rassurer. Le syndrome de Treacher Collins c’est 1 naissance sur 50000 et tous les bébés atteints ne souffrent pas de formes très sévères. C’est variable.

Interruption Médicale de Grossesse (IMG) et rupture utérine

Dans un premier temps, ayant déjà subi une césarienne, je me suis dit que je voulais qu’on m’endorme et ne pas assister à cet accouchement si terrible.

Mais dès le lendemain, j’ai changé d’avis. Je sentais cette petite fille bouger, virevolter dans mon ventre. Je savais qu’elle ne partagerait pas ma vie, que nos chemins allaient se séparer beaucoup trop tôt, alors il fallait que je l’accompagne jusqu’au bout. Je voulais un vrai accouchement. Un vrai de vrai, avec péridurale quand même s’il vous plaît.

Quelques jours plus tard – jours d’attente interminables où j’essayais tout de même de profiter de ces derniers moments ensemble – l’accouchement fut déclenché. Mais – que de « mais » dans ce récit n’est-ce pas? – comme cela arrive tous les 2 ou 3 ans au CHU de Toulouse, mon utérus s’est déchiré. On m’endormit donc et Gabrielle et moi fumes séparées.

Ma rencontre avec ma fille et le deuil périnatal

J’ai pu rencontrer ma fille dès le lendemain, accompagnée par la douce sage-femme qui était auprès de moi pendant ces tristes heures de travail. Je l’ai rencontrée et je l’ai trouvée jolie. Je l’ai rencontrée et je l’ai aimée plus que tout. Je l’ai aimée entièrement. Je l’ai aimée incommensurablement. Et pour toute ma vie je l’aimerai aussi fort que j’aime mon aînée. L’amour d’une mère dépasse tout entendement. Cet amour là est vraiment transcendant. C’est lui qui me permet de traverser cette épreuve avec force et courage, de continuer à avancer pour ma famille contre vents et tsunamis.

Perdre son enfant est une torture. Une partie de ma vie et de mes projets ont été gommés. Alors, on renconstruit. On fait une place à cet enfant qui n’aura jamais franchi le seuil de notre maison et on avance avec celui qui est là et à qui l’on doit expliquer tant de choses inexplicables.

 

Comme toutes les blogueuses, je partage des petits moments de ma vie, en général les plus agréables. Toutefois, il m’était impossible de poster un nouveau tuto ou une nouvelle recette comme si de rien n’était. Il m’est arrivé la chose la plus belle – rencontrer Gabrielle – et la plus affreuse – la perdre – de ma vie. Je sais que nous sommes nombreuses à vivre ce déchirement. Mes mots aideront peut-être une mamange ou alerteront une future maman, qui sait?

Petit à petit, ma vie reprend son cours. Les vertus thérapeutiques de mes aiguilles sont aujourd’hui des plus précieuses. Alors, rendez-vous bientôt pour de plus joyeuses aventures.

Pin It on Pinterest

Share This